Une odyssée humaine improbable dans le désert de Black Rock.

Mettons les points sur le « i » ; Burning Man, c’est le festival de l’Improvisation, l’Instantanéité, l’Incompréhensible, l’Indescriptible, l’Incongru… De l’Irréel ? Presque, lorsque l’on sait que des dizaines de milliers de personnes se donnent rendez-vous dans l’éphémère Black Rock City, qui devient l’une des villes les plus peuplées du Nevada mais ne vit que la semaine du Festival. En route pour Burning Man, ce Festival qui célèbre la créativité et l’expression personnelle, à faire au moins une fois dans sa vie…

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Burning Man, une parenthèse artistique dans le désert

Solstice d’été, 1986. 2 amis, Larry Harvey et Jerry James, ramènent une espèce de sculpture sur une plage de San Francisco, et la font brûler devant une petite foule d’une vingtaine de personnes qui s’était agglutinée au fur et à mesure. Larry « célèbre » son divorce, et cet homme qui brûle symbolise son renouveau, le phénix qui renaît de ses cendres et sa nouvelle vie qui commence…

Le concept de Burning Man était né. L’année suivante, il y avait 80 personnes, celle d’après 200, en 93, 1,000, en 97 10,000, 10 ans plus tard 47,000, 65,000 en 2014 et 80,000 en 2022. Depuis 1995, l’entrée est payante (on est passé de quelques dizaines de dollars à environ $575 aujourd’hui), et un thème est lancé chaque année.

Les burners ont ainsi déjà pu se retrouver sur le thème de la fertilité, de la voûte céleste, du corps ou encore des sept âges. Vaste programme que de trouver ensuite un déguisement approprié et il n’est alors pas rare que tout le monde finisse tout simplement nu – voire que ce soit un déguisement dès le départ.

Une utopie temporaire où la création est sans limite

Pendant une semaine alors, des génies créatifs des 4 coins du monde bâtissent des chars et des sculptures, qu’ils font ensuite brûler une fois la nuit tombée. Le festival s’achève avec la mise à feu de la plus grande des créations, le «Burning Man», qui rassemble environ 80,000 fidèles le dernier jour du Festival.

Le reste du temps, des DJs pourtant acclamés sur les îles espagnoles ou floridiennes, font office de fond sonore et sont parfois à peine remarqués dans cette ville qui ne dort jamais. Une épopée physique et sensorielle donc, où tous vos sens sont en émoi, et se rassasient d’un contenu hétéroclite dépaysant… Il faut le voir pour le croire.

Photo aérienne du Burning Man dans le désert de Black Rock, Nevada

Photo aérienne du Burning Man dans le désert de Black Rock, Nevada. Crédit photo : Kyle Harmon (CC BY 2.0)

10 principes pour expliquer l’incompréhensible

Les fondateurs du festival ont instauré un décalogue afin d’encadrer l’ «inencadrable» et de calmer l’ «incalmable» ; 10 principes dictent alors la conduite de chaque burner, et permet de structure un peu ce rassemblement quelque peu anarchique.

Ces 10 principes ne peuvent toutefois pas vous préparer à ce que vous allez trouver sur place ; ceux qui y ont participé une fois et à qui vous demandez de vous raconter vous répondront avec le même snobisme « impossible à comprendre tant que vous n’y êtes pas allé ». C’est dit.

1 – L’intégration radicale

Tout le monde est le bienvenu. Petits, grands, adultes, enfants, professionnels et étudiants… Que vous soyez un « burner » endurci ou un petit nouveau (appelé « Virgin ») qui n’a jamais vu une baignoire roulante, vous êtes accueilli avec le même Amour.

2 – Le don

C’est le maître-mot du festival : le don, la générosité, le partage, sont placés au dessus de tout, et participent au caractère complètement unique (et déjanté) du festival.

3 – La dé-commercialisation

Dans la directe suite du principe du don, rangez donc vos billets verts car aucun argent ne circule et rien ne s’achète : tout se donne ou s’échange, même si un échange peut avoir lieu entre 2 objets qui n’ont pas la même valeur (un bout de carottes contre un sac de couchage, c’est envisageable).

4 – L’autosuffisance

Vous pouvez bien sur compter sur les 65,000 personnes qui vous entourent pour tout, mais c’est aussi l’occasion de vous découvrir, explorer votre « vous » intérieur, puiser dans vos ressources personnelles pour profiter au maximum de cette semaine hors de tout pour cibler vos essentiels.

5 – L’expression personnelle

Elle passe par tout : par vos créations artistiques, par vos tenues (il peut faire 35-40 degrés, donc beaucoup choisissent de tomber la chemise… et plus, voire tout), votre façon de vous présenter ou encore celle de vous déplacer.

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Crédit photo : Duncan Rawlinson (CC BY-NC 2.0)

6 – L’effort collectif

Tout le monde est différent et vit son expérience « Burning Man », et tout le monde est invité à coopérer et à collaborer. Il n’y a pas vraiment de spectacle, vous n’êtes pas là-bas pour admirer ce qui se passe autour de vous mais bien pour y participer vous aussi, participer à tout.

7 – La responsabilité civile

Comment un événement de plus de 65,000 personnes laissées à elles-mêmes dans le désert peut ne pas tourner en anarchie sanglante ? Car chacun est respectueux de la petite société qui s’est créée sur place, chacun est responsable de ses actes, et se doit d’agir sans le respect de la loi. Des patrouilleurs du désert sont quand même dans le coin pur s’assurer que tout va bien.

8 – La participation

Participez à tout, mêlez-vous aux autres, et ne manquez pas de vivre la nuit car Black Rock City est magique une fois le jour tombé, et n’a rien à envier à sa jumelle diurne… Un spectacle à ne pas manquer.

9 – L’instantanéité

Autre valeur des plus centrales du Festival, l’instantanéité, qui vous encourage à faire ce que vous voulez, quand vous voulez… Sauter dans une piscine à boules, enlacer un vieillard en slip léopard, discuter avec un autre déguisé en lion, grimper dans un dragon… Tout. Maintenant. Encore.

10 – Ne laisser aucune trace

La ville de Black Rock disparaît aussi rapidement qu’elle a fait surface ; une fois terminé, il ne reste rien du tout de l’événement, toutes les ordures sont ramassées évidemment, mais toutes les œuvres d’art ont aussi disparu puisqu’elles sont toutes réalisées en matériaux de récupération. Seuls vos souvenirs restent… Mais était-ce bien réel ?

Quelques conseils pour ne pas devenir poussière

Plantons le décor ; fin août, en plein désert, dans un état dont le rime avec « de l’eau, y’en a pas »… Donc, voici quelques conseils :

  • Prenez bien de quoi vous couvrir pendant la nuit, des boules Quies et un bandeau pour les yeux si vous souhaitez un peu dormir – même si vous serez réveillé tôt car les premiers rayons de soleil chauffent bien dès 7h30 – 8h le matin.
  • Prévoyez 40 à 50 litres d’eau par personne pour toute la durée du Festival. Ça en fait des gourdes.
  • Il peut être bien utile d’avoir avec vous des chaises pliantes pour vos quelques instants de répit entre 2 spectacles, histoire de ne pas carboniser votre derrière dans le sable brûlant.
  • N’oubliez pas d’embarquer vos masques de ski ou vos lunettes d’aviateur pour faire face aux soudaines tempêtes de sable qui soulèvent parfois les terres. Ce serait vraiment trop dommage de rater un tel spectacle…
  • Il n’y a pas de douches sur place… C’est l’occasion de dévaliser la chambre du petit-frère et de prendre ses lingettes, si vous voulez faire un brin de toilette entre 2 tempêtes de sable.
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Crédit photo : Ashley Steel (CC BY 2.0)

Infos Pratiques

Crédits photos : dailymail.co.uk; tourismkit.com; festivals4fun.com; burningman.org

Une utopie est une réalité en puissance.