Asif Arif, cet avocat issu de Seine-Saint-Denis à la conquête de Los Angeles

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Une interview de Asif Arif, avocat d’immigration en Californie et à Paris, membre du French District.

Je suis passionné à l’idée de vraiment changer le quotidien des gens. Lorsqu’on souhaite s’expatrier, il est toujours extrêmement stressant de voir les avis sur l’immigration qui sont divergents ou conflictuels. J’aime intervenir dans les dossiers comme un faiseur de pont, comme celui qui débloque des situations. Avec la passion, il y a parfois la peur et le stress, mais j’utilise ces deux facteurs comme une force qui me fait avancer et non quelque chose de paralysant.

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Qui êtes-vous et quelle est votre activité ?

Avocat en mobilité internationale – Immigration France – US

Pouvez-vous retracer les grandes lignes de votre parcours ?

Je suis issu des quartiers populaires, j’ai grandi dans le très controversé département du 9-3. Mes parents sont de modestes commerçants et j’ai entamé mes études de droit à l’Université d’Evry Val d’Essonne (aujourd’hui, Paris Saclay). J’ai ensuite obtenu mon entrée au Barreau de Paris en 2014. En 2016, prenant comme modèle mon père qui était un entrepreneur hors pair, j’ai décidé de lancer mon propre cabinet à Paris dans le 16ème arrondissement. En 2020, pendant la pandémie, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure américaine et j’ai obtenu mon examen et j’ai ouvert mon deuxième cabinet, ici en Californie à Newport Beach plus précisé. Je suis spécialisé en droit de l’immigration pour les Français souhaitant s’implanter aux Etats-Unis.

Pourquoi cette passion pour votre métier ?

Je suis passionné à l’idée de vraiment changer le quotidien des gens. Lorsqu’on souhaite s’expatrier, il est toujours extrêmement stressant de voir les avis sur l’immigration qui sont divergents ou conflictuels. J’aime intervenir dans les dossiers comme un faiseur de pont, comme celui qui débloque des situations. Avec la passion, il y a parfois la peur et le stress, mais j’utilise ces deux facteurs comme une force qui me fait avancer et non quelque chose de paralysant.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Je me suis expatrié pour des raisons familiales et personnelles. Mais également parce que je voulais intégrer un marché anglophone qui me permettait de voir une clientèle différente, une approche du droit différente et surtout un style de vie complètement opposé. Parfois, la France me manque mais je suis globalement assez fier quand je regarde tout le chemin parcouru. On essaie de ne pas trop essayer de regarder derrière et de maintenir notre cap principal : mon cabinet doit être un facilitateur pour les Français installés aux Etats-Unis dans le domaine de l’immigration.

En quoi la pratique de votre métier aux États-Unis est-elle différente de celle en France ?

La pratique en France est de droit romaine. La pratique aux Etats-Unis est la common law. Nous avons des différences fondamentales dans l’approche de la matière, dans l’approche des arguments et des moyens que l’on doit formuler devant les tribunaux. Par ailleurs, les Etats-Unis tapent forts au portefeuille quand quelque chose ne va pas et les dommages et intérêts sont bien plus élevés ce qui attire parfois la convoitise de certains. La pratique est opposée en raison de la culture juridique différente des deux pays.

Est-ce difficile de se faire une place dans votre secteur aux États-Unis ?

Je pense qu’il est assez difficile de se lancer à son compte aux Etats-Unis quand on n’a pas le soutien moral de sa famille, ou une partenaire qui lui a un salaire sur lequel on peut se reposer. Le marché de l’emploi est également assez tendu dans la mesure où les étudiants français arrivant sur le marché américain sont souvent confrontés à des refus en raison d’un parcours très pauvre en common law. C’est un marché difficile, mais il faut relever le défi!

Quelle est votre plus belle rencontre aux États-Unis à ce jour ?

J’ai rencontré un collègue avocat qui n’a jamais arrêté de me soutenir, tant dans les meilleurs moments que dans les pires. Je pense que cela fait la différence !

Parmi vos différentes expériences d’expatrié, quelle est celle qui vous a le plus appris et pourquoi ?

Ce qui m’a le plus appris est de ne jamais considérer quelque chose comme acquis car “on est plus intelligent que”. La réalité, c’est que lorsqu’on est expatrié, on a des pré conceptions sur notre façon de vivre et d’être. La clef aux Etats-Unis est de comprendre comment le système américain, assez complexe au demeurant, fonctionne. Donc la plus grande leçon que j’ai apprise est de garder son humilité en toute circonstance.

Qu’est ce qui vous plaît le plus aux États-Unis ? Qu’est ce qui vous plaît le moins ?

Ce qui me plait le plus aux Etats-Unis est que ce pays est orienté pour satisfaire le consommateur. Il ne crée pas de complexité bureaucratique pour le plaisir d’en créer. Il est orienté afin de satisfaire une demande. Ce qui me plait le moins c’est qu’on marche peu aux Etats-Unis… Et donc on prend du poids!

Vous êtes-vous facilement adapté aux États-Unis ?

Je me suis adapté assez rapidement car j’ai toujours eu l’envie d’apprendre des autres. S’enrichir des autres est une trait de caractère nécessaire lorsqu’on s’expatrie car on apprend de ce que les personnes qui vivent dans ce pays nous disent.

Racontez-nous en quelques lignes votre journée typique

Je me lève à 4 heures 30 du matin et je commence ma journée avec mes appels pour tous les dossiers français. Je commence ensuite, vers 10 heures à avoir tous mes appels pour les dossiers américains pendant toute la journée. J’essaie de prendre du temps pour ma famille et pour ce faire j’essaie de m’arrêter de travailler vers 18 heures.

Quels conseils donneriez-vous aux futurs francophones qui se lancent dans l’aventure aux États-Unis ?

N’hésitez pas à nous contacter. Ne vous laissez pas aller en pensant que vous êtes seul. Il y a une vraie solidarité mais c’est comme tout : parfois il faut aller la chercher.

Quels sont vos projets et que pouvons-nous vous souhaiter ?

Développer notre pratique entre la France et les Etats-Unis, maintenir notre volonté d’aider les Français installer aux Etats-Unis et leur apporter tout le soin nécessaire. Nous espérons également contribuer au rayonnement de la France car nous installons beaucoup d’américains en France et donc nous souhaitons continuer et augmenter notre activité dans ces deux contextes!


Asif Arif, the lawyer from Seine-Saint-Denis conquering Los Angeles.

Who are you and what is your profession?

I am an international mobility lawyer specialized in immigration between France and the US.

Could you outline the main aspects of your career?

I came from a working-class background and grew up in the highly controversial Seine-Saint-Denis county in France. My parents were modest small business owners, and I began my law studies at the University of Evry Val d’Essonne (now part of Paris Saclay). I later gained admission to the Paris Bar in 2014. In 2016, taking my father as a role model who was an exceptional entrepreneur, I decided to launch my own law firm in the 16th arrondissement of Paris. In 2020, during the pandemic, I decided to embark on the American dream. I passed the California bar exam and established my second law firm in Newport Beach, California. My specialization is in immigration law for French individuals wishing to establish themselves in the United States.

Why are you passionate about your profession?

I am passionate about truly changing people’s lives. When someone wants to relocate, it can be extremely stressful to encounter conflicting or confusing information about immigration. I enjoy stepping into cases as a bridge builder, as someone who can resolve situations. With passion, there can sometimes be fear and stress, but I use these two factors as a driving force rather than something paralyzing.

Why did you choose to move from France?

I relocated myself for family and personal reasons. I also wanted to enter an English-speaking market that allowed me to work with a different clientele, a different approach to law, and above all, a completely different lifestyle. Sometimes, I miss France, but I am generally quite proud when I look back at the journey to what I have accomplished so far. I try not to dwell too much on the past and maintain my main focus: my firm should be a facilitator for French individuals to establish in the United States in the field of immigration.

How is practicing your profession in the United States different from practicing in France?

Practicing law in France is based on civil law (Roman law), while in the United States, it follows common law principles. There are fundamental differences in how we approach legal matters, arguments, and the strategies we employ in court. Additionally, the United States imposes substantial financial penalties for legal missteps, and damages and awards tend to be much higher, which sometimes attracts opportunistic behavior. The practice is different due to the distinct legal cultures of the two countries.

Is it challenging to establish yourself in your field in the United States?

I believe it is quite challenging to start your own practice in the United States, especially without the moral support of family or a partner with a stable income to rely on. The job market is also competitive, as French students entering the American market often face rejection due to a lack of experience in common law. It’s a tough market, but it’s worth taking on the challenge!

Who is the most influential person you’ve met in the United States so far?

I’ve met a fellow attorney who has consistently supported me, both in the best and worst moments. I think that makes all the difference!

Among your various expatriate experiences, which one taught you the most and why?

What taught me the most is to never underestimate the challenges ahead because of what you have achieved in the past. The reality is that when you’re an expatriate, you have preconceived notions about how things should be done. The key in the United States is to understand how the complex American system works. So, the biggest lesson I’ve learned is to maintain humility in all circumstances.

What do you like most about the United States? What do you like the least?

What I like most about the United States is that it is oriented toward satisfying the consumer. It doesn’t create bureaucratic complexity just for the sake of it; it’s geared towards meeting demand. What I like the least is that people tend to walk less in the United States… and consequently, weight gain can be a concern!

Did you adapt easily to life in the United States?

I adapted fairly quickly because I’ve always had a desire to learn from others. Being open to learning from others is a necessary trait when you’re an expatriate, as you learn from what people living in the country tell you.

Could you briefly describe your typical day?

I wake up at 4:30 in the morning and start my day with calls related to my French cases. Around 10 o’clock, I begin handling all my calls for American cases throughout the day. I try to make time for my family, and to do that, I aim to stop working around 6 p.m.

What advice would you give to future French speakers who are embarking on an adventure in the United States?

Don’t hesitate to reach out to us. Don’t let yourself believe that you’re alone. There’s genuine solidarity, but like anything else, sometimes you have to seek it out.

What are your plans, and what can we wish for you?

Our plans include expanding our practice between France and the United States, maintaining our commitment to assisting French individuals settled in the United States and providing them with the care they need. We also hope to contribute to the promotion of France, as we assist many Americans in moving to France. So, we wish to continue and increase our activity in both contexts!