Interview de Serge Massat, expert-comptable et CPA aux États-Unis
Serge Massat est expert-comptable et Certified Public Accountant (CPA). Il est le fondateur de Massat Consulting Group, l’un des cabinets les plus emblématiques des « Entreprises Françaises de l’Étranger » aux États-Unis. Il a fondé son premier cabinet en 1986 à New York. Son parcours est riche, intéressant, passionnant, son ton est franc, direct. Une interview dans le style « Serge Massat », inimitable.
Interview de Serge Massat, membre du French District, avec Massat Consulting Group.
Quel est votre métier ?
Mon métier ? Mes diplômes ? Je suis Expert-Comptable français et Certified Public Accountant american, mais j’aime bien me définir comme le médecin généraliste de l’entreprise, le conseiller du boss.
Pourquoi l’avez-vous choisi ?
Puis-je dire « par défaut » sur les conseils d’amis de mes parents.
Quel est votre parcours ?
Niveau diplômes, dans l’ordre : diplôme de Toulouse Business School en 1975, diplôme d’Expertise comptable en 1980, puis diplôme Certified Public Accountant en 1987.
Niveau carrière : expert-comptable stagiaire à Toulouse, puis un an et demi de stage chez Ernst and Whinney Cleveland, USA, puis retour en France pour 18 mois et retour définitif aux US en décembre 1982. D’abord en cabinet conseil puis créant mon 1er cabinet en juin 1986 à New York, suivi d’un 2e à Boston en 1990, puis Mexico en 1994 suivi d’un… burn-out en 1996, année où je cède Boston et 85% de NY pour me consacrer à Mexico. En 2003, remise en route de NY, 2010, ouverture à Miami et 2017, ouverture à Montréal.
Pourquoi êtes-vous venu vous installer aux États-Unis ?
Première raison : Après l’obtention de mon diplôme français je voulais obtenir une expérience américaine pour mieux me vendre sur le marché français à mon retour.
Seconde raison : mon épouse étant américaine originaire de Cleveland, cela coulait de source de tenter cette expérience.
En quoi la pratique de votre métier aux États-Unis est-elle différente de celle en France ?
Sans dénigrer mes confrères américains diplômés, le niveau n’est pas le même. Aux US, quelqu’un peut être CPA avec l’équivalent d’une simple licence. En France, notre diplôme s’apparente plus à un doctorat. Les Américains dans notre métier deviennent des spécialistes et pas des généralistes comme nous. Spécialiste en fiscalité personnelle, spécialiste de fiscalité d’entreprise, spécialiste des Sales tax, etc… et nos clients français sont perdus. Une anecdote : lorsqu’en 1986 j’ai créé mon 1er cabinet qui existe toujours à NY, les responsables français des French desk de KPMG et Arthur Andersen (société défunte aujourd’hui) faisaient appel à moi lorsque leur cabinet français leur référait une TPE candidate à l’implantation aux US qui avait mille questions sur mille sujets différents qu’aucun de leurs associés n’était capable de traiter dans leur intégralité. Ils faisaient appel au médecin généraliste de l’entreprise que je suis.
Est-ce difficile de se faire une place dans votre secteur aux États-Unis ?
Enormément d’heures de travail (qui mènent parfois au burn-out comme vous l’avez vu plus haut), une déontologie professionnelle irréprochable, savoir donner de son temps pour des œuvres charitables sans chercher quoi que ce soit en retour, ça a été et c’est toujours ma recette
Quelle est votre plus belle rencontre aux États-Unis à ce jour ?
Le commandant Cousteau certainement, plus quelques élus français qui se battent à Paris pour nous, ou Kevin Costner lors d’une soirée privée.
Parmi vos différentes expériences d’expatrié, quelle est celle qui vous a le plus appris et pourquoi ?
Je ne suis pas expatrié. Je suis, selon la nouvelle appellation, un EFE, Entreprise Française de l’Étranger. À chaque étape de sa vie on apprend si on n’avance pas avec des œillères et si l’on sait saisir les opportunités et éventuellement prendre des risques sur le plan professionnel.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus aux États-Unis ?
L’approche plus business du système ou le fisc américain n’est pas forcément là pour vous redresser au moindre loupé. Cette facilité de pouvoir entreprendre.
Qu’est-ce qui vous plaît le moins ?
La politique aujourd’hui et le mensonge permanent qui l’accompagne, les réseaux sociaux qui sont les véhicules de la désinformation, la bêtise des Américains qui ne sont pas capables de prendre du recul et faire la part des choses, qui se laissent manipuler par les réseaux sociaux, le niveau de culture générale très faible de la majorité des Américains, la violence par les armes qui est partout et personne ne fait rien, le système qui est prisonnier des lobbies…
Vous êtes-vous facilement adapté aux États-Unis ?
Sans problème, ma première femme étant américaine comme je l’ai dit plus haut, ça a facilité les choses.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la France ?
La nourriture saine, les aliments (fruits, légumes, lapin, confit de canard, pintade…) , la France où tout est savoureux à souhait.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs expatriés qui se lancent dans l’aventure aux États-Unis ?
Deux choses :
Sachez remettre complètement en question vos préjugés et évitez d’être « arrogants à la française ». Adaptez-vous, participez à la vie sociale en donnant de votre temps pour des œuvres charitables. Vous n’êtes pas mieux que les Américains, ils sont différents, c’est tout. Cherchez à les comprendre avant de les juger.
Si vous venez vous installer, soit en tant qu’expatrié ou en tant qu’Entrepreneur Français de l’Étranger, souvenez-vous de la fable de Jean de la Fontaine : le corbeau et le renard. Ici il y a beaucoup de Renards Français qui vous attendent à la descente de l’avion pour vous piquer votre fromage sans scrupule. Triste, très triste que des compatriotes puissent faire ça. Donc soyez sur vos gardes !
Merci beaucoup Serge Massat, fondateur de Massat Consulting Group et Président de la French-American Chamber of Commerce de Floride.
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