Paroles et écrits d’une française aux USA

Mon mari et moi avons débarqué dans le New Jersey à l’automne 2009, expatriés par « nos boites » respectives comme beaucoup d’autres, avec l’idée de rester 2 à 5 ans. Les années ont passé, les enfants ont grandi, un quatrième s’est même glissé dans la tribu. Ayant pris goût à la vie américaine, notre perspective de retour s’est estompée. Alors que nous étions en attente de nos cartes vertes, un matin, mon mari m’a innocemment glissé : “Tu ne peux pas travailler pour le moment, mais rien ne t’empêche d’écrire”. C’est ainsi qu’est né Flashbulb Memories publié le 2 mai dernier.

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D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette envie d’écrire, mais ne l’avais jamais concrétisé, absorbée par la vie professionnelle. Deux projets me trottaient dans la tête. Tout d’abord celui d’un manuel professionnel sur le domaine des études consommateurs, mon métier, pour lequel j’ai trouvé assez rapidement un éditeur (Wiley) et que j’ai publié en 2018. Mais ce qui me tenais vraiment à cœur était d’un autre registre, mettre noir sur blanc des histoires qui tournoyaient dans mon esprit depuis des années. Des instants de vie, encrés dans nos réalités de parents, essayant de faire à chaque instant les meilleurs choix possibles. Alors, même avec la carte verte en poche, qui m’a remis le pied à l’étrier professionnel, j’ai alloué du temps à cela, rejoint des groupes d’écrivains, dévoré des livres et couché des mots sur le papier dès que j’en avais l’occasion.

À travers Flashbulb Memories, j’ai voulu en particulier aborder les questions des différences interculturelles entre français et américains. De façon un peu cliché c’est vrai, les Français sont souvent décrits comme un fruit à coque dure, difficile à percer, mais d’où émergent avec le temps des amitiés solides. Les Américains sont décrits comme des pêches que l’on perce vite en surface, mais dont le noyau peut rester impénétrable. Pour moi, il n’y a pas un archétype du Français ou de l’américain, mais autant de personnalités que d’individus que l’on croise. L’Amérique est un creuset de nationalités ; chacun est à la fois fier de s’intégrer mais aussi fier de ses origines. Il est courant de passer devant des maisons arborant plusieurs drapeaux. La France est aussi un creuset multiculturel. Pourtant, il y a moins cette fierté historique à revendiquer haut et fort ses origines. De nos jours, où que l’on soit, les différences culturelles ont tendance à s’estomper. Nous sommes entourés de gens qui viennent d’ailleurs, les gens se déplacent d’un bout à l’autre de la planète et les cultures s’entremêlent bien plus que par le passé.

Dans mes histoires, des parents immigrés s’adaptent au quotidien à des différences culturelles subtiles pour finalement sortir grandis : l’indéniable « peut mieux faire » français se mêle à la « can do » attitude américaine. Finalement je pense qu’il y a bien plus d’admiration que de contradictions entre les peuples. Entre français et américains, il y a une amitié historique profondément enracinée et beaucoup de respect et de compréhension.

Née de père français et de mère mexicaine, j’ai grandi dans un univers multilingue. Néanmoins, lorsque nous avons déménagé aux États-Unis en 2009, il y a eu une période de transition pendant laquelle je pensais souvent en français et traduisais tout ce que j’avais à dire ou à écrire. Et puis un jour on commence à compter, ou à prier pour certains, dans la langue du pays. Pour moi, la véritable transition a été de me réveiller, réalisant que j’avais rêvé en anglais ! Pourtant, je ne peux pas dire que je pense et écris entièrement dans une langue ou une autre. Les idées me viennent parfois en français, parfois en espagnol et parfois en anglais, souvent dans la langue dans laquelle l’événement s’est déroulé. Ce qui est drôle, c’est qu’il existe de nombreuses expressions qui ont des équivalents dans toutes les langues, et j’adore jouer avec ces différences linguistiques et culturelles, qui témoignent du fait que les êtres humains sont souvent confrontés aux mêmes problèmes. En français « il pleut des cordes », en anglais « it’s raining cats and dogs ».

Je souhaite que mes lecteurs, jeunes parents, parents aguerris, ou en devenir, adolescents, adultes en formation, globetrotteurs de ce monde, passent un bon moment et s’identifient avec les personnages de ces histoires, joliment illustrées par Stéphanie Weppelmann, elle aussi mère de famille et voyageuse du monde, ayant grandi comme moi en lisant le « Petit Nicolas ». Un peu comme dans ce dernier, au fur et à mesure que le lecteur tourne les pages, les personnages prennent vie avec sa touche délicate.

Cécilia Saint-Denis

Le livre

Flashbulb Memories (disponible sur Amazon) est une jolie fresque composée de contes drôles et pétillants. Une famille, semblable à beaucoup d’autres, à la fois soudée et aventureuse, voyage dans les méandres de la vie. Le charmant récit se dessine selon une série de vignettes légères et amusantes. Le lecteur s’embarque dans un voyage à travers des souvenirs parfois brumeux et désordonnés. Une femme et un homme entreprennent le chemin de la vie main dans la main, deviennent une famille où se démènent des enfants ingénieux et clairvoyants, qui deviennent à leur tour des adolescents et des adultes. À travers cette histoire d’une famille en apparence ordinaire, le lecteur est amené à réfléchir sur l’universalité des traits humains, les rôles de chacun et les différences interculturelles lorsque la famille parisienne bouscule son quotidien et s’installe en Amérique.

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