Visite de l’Alphabet City.

Il a grandi dans le Lower East Side pour s’en affranchir ensuite et voler de ses propres ailes. Quartier bohème et bourgeois, vrai patchwork des communautés du monde, East Village séduit par son Histoire, sa diversité et sa contre-culture. Portrait d’un village original.

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Terre de cœur de Peter Stuyvesant au 19ème siècle, East Village a peu a peu été boudé par la bourgeoisie américaine au profit de vagues d’immigration successives de Russes, de Polonais, d’Ukrainiens, puis, d’Italiens et latinos…

Les marginaux sont venus au même moment s’installer dans le quartier, donnant ainsi au Village sa mauvaise réputation. Puis, les intellectuels de la Beat Generation en ont fait leur fief, et depuis plus de 50 ans, les bourgeois se sont peu à peu réconciliés avec le quartier. Dès lors, la spéculation immobilière et la diversité de la population n’ont jamais été aussi fortes.

Artistique et rebelle, mais aussi bourgeois et sage, East Village est décidément le quartier de tous les quartiers.

Alphabet City

Ici, les quatre avenues à l’Est de la 1rst avenue (entre Houston street et la 14th street) sont nommées par des lettres, et non par des chiffres : c’est ce qui vaut au quartier ce surnom.

Commencez donc en suivant l’alphabet, par vous balader dans les avenues A et B, agréables et animées avec leurs restaurants, leurs cafés et leurs bars. L’avenue C est déjà plus éclectique : appelée « Loisaida Avenue » par la communauté portoricaine qui l’habite, on trouve un bar à bières bavarois, des restaurants brésiliens et australiens, et beaucoup de petites boutiques latines et de bodegas. L’avenue D reste la mauvaise élève, qui résiste encore à ce processus de « gentrification » du quartier, avec une ambiance plus bohème et underground.

east-village-losaida-avenue

Mais ce qui est vraiment à voir dans la ville de l’Alphabet à quatre lettres, ce sont ses jardins communautaires. Lors des années noires du quartier, devenu infréquentable, de nombreux terrains et parcelles en friche ont été abandonnés. Heureusement les jardiniers locaux, plusieurs associations et les habitants des quartiers pauvres ont repris ces terres pour les transformer en jardins publics, en plein cœur de Manhattan.

Résultat : des immenses espaces verts décorés de sculptures sur plusieurs blocs, des jeux pour les enfants, un havre de paix pour les adultes et une belle réussite pour la communauté locale.

Une mention spéciale pour Le Petit Versailles, ce charmant parc dans les Jardins Communautaires, qui marie art et verdure, avec des projections et des programmes culturels très intéressants.

Le quartier de Little Ukraine

Centrée autour de St George’s Church, cette enclave regroupe environ 30 000 Ukrainiens.

La visite de l’ Ukrainian Museum est un excellent moyen de cerner l’influence culturelle aux Etats-Unis de ce peuple de l’Est. Les expositions sont thématiques et intéressantes, ne manquez pas de jeter un œil particulier sur les tissus, les kilims et les vêtements brodés main, absolument magnifiques, ainsi que les œuvres du peintre Archipenko.

Pour rester dans le ton, vous pouvez ensuite aller engloutir un Borstch au Veselka. L’atmosphère y est certes un peu commerciale, mais la carte donne un bon aperçu de la cuisine du pays, et tout y est bon et copieux.

Un bain de l’est

The Tenth street Baths est la seule institution de Bains russes et turques encore existante de Manhattan. Le Schvitz, pour les intimes du lieu, est resté le même depuis sa création en 1892 : même accueil chaleureux, même ambiance… et même déco, mais entre le bain de glaçons, le palpé roulé plutôt thaï ou le massage russe plutôt musclé, vous ressortirez requinqué, da !

Admirer les étoiles…

Il existe une version new yorkaise du fameux Grauman Chinese Theatre à Hollywood (Californie) et elle se situe au Théâtre 80: de nombreuses stars de cinéma et du showbiz ont marqué de leur empreinte les trottoirs de ce théâtre, lors de son inauguration en grandes pompes en 1971. Malgré d’importants travaux de rénovation, le théâtre a su préserver l’intégralité des pavés signés.

Shopping dans les boutiques underground de la rue St Mark : littéralement!

Entre magasins punk et ateliers de piercing et tatouages, et boutiques underground (au sens littéral du terme, puisqu’elle sont pour la plupart en sous-sol) la rue de St Mark’s Place est vraiment atypique.

En vous baladant, et entre deux tatouages, vous remarquerez les lampadaires de rue couverts de mosaïques psychédéliques : c’est l’œuvre d’un seul homme, Jim Power, artiste et vétéran du Vietnam, qui les enjolivent depuis plus de 20 ans. Il a d’ailleurs aussi décoré certains magasins des environs, comme le Coffee Shop, Alcatraz et le Megador.

St Marks in The Bowery Church

Cette église élégante fut bâtie sur le site d’une ancienne chapelle appartenant à l’immense propriété de Peter Stuyvesant, gouverneur de l’époque. Lui et ses 7 générations de descendants sont d’ailleurs enterrés dans le cimetière attenant. L’intérieur, de style géorgien est joliment agencé, avec un orgue magnifique.  Allez écouter le silence dans le jardin, vraiment ravissant et si calme, en plein cœur de Manhattan.

Old Merchant’s House

C’est l’une des plus anciennes demeures de Manhattan (1835) et elle est restée intacte.   Son style néogrec dénote un peu dans East Village, mais elle est le témoignage précieux de la manière de vivre des bourgeois new yorkais de l’époque. Depuis 1933, c’est un musée ouvert au public : on peut y admirer les somptueux salons et la cuisine au sous sol, immense et suréquipée. Régulièrement, la Maison accueille des soirées privées, des concerts et d’autres évènements culturels.

Cooper Union Building

L’inventeur de la première locomotive à vapeur, Peter Cooper était non seulement un industriel de génie, mais aussi un homme de convictions et de cœur : cette immense bâtisse, fut construite en son honneur avec les premières poutres métalliques du chemin de fer, pour devenir le premier collège privé gratuit. En fait, il abrite désormais une école d’architecture (aux frais de scolarité exorbitants) mais reste un immeuble très connu dans l’architecture new yorkaise.

Bouillon de culture

East village revendique un état d’esprit « contre-culture » en préférant les films d’art et d’essais, les productions indépendantes. On est vraiment aux antipodes de certaines représentations de Broadway… Côté musique, ce sont les clubs de jazz, de hip-hop et de poésie théâtre qui sont à l’honneur dans le quartier.   Si vous traînez dans ce coin le soir, prenez un peu de temps pour aller au Nuyorican Poets Cafe, le rendez-vous des amateurs et des artistes de poésie, de jazz, de hip hop et de littérature (rien que ça).

Une petite toile étrangère ?

East Village City Cinéma, c’est la salle de référence pour visionner un film outre-Atlantique : des productions indépendantes et même des films français sous-titrés de temps en temps.

Mc Sorley’s Old Ale House, authentique jusqu’au plafond

« On était là avant votre naissance », le slogan de cette brasserie annonce la couleur : on sirote une petite mousse dans un décor datant de 1854, avec de la sciure sur le sol, des journaux jaunis au mur (tous originaux) et les toiles d’araignées au plafond. Mais au moins, c’est authentique ! Pour la petite histoire, cette gargote a été exclusivement réservée à la gente masculine jusqu’en 1970.

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